Rencontre entre l'Association Valentin Haüy et la "génération internet" malvoyante

21.02.2015

Après les campagnes de l’AVH de juin et de décembre, une lettre ouverte a été envoyée au président de l’AVH et une réflexion concernant la médiatisation du handicap a été proposée sous forme d’article. Suite à ces actions, nous avons eu plusieurs échanges avec Christian VOLLE, vice-président de l’AVH, par mail et par téléphone ; s’en est suivie une rencontre lors d'un repas avec Christian VOLLE et Bernard SERRE, secrétaire générale de l’AVH, au sein de leurs locaux, le 12 janvier 2015.

Lors de cette rencontre, nous avons abordé plusieurs points et émis plusieurs propositions.

Nous avons évoqué en début de réunion les différentes campagnes de l’AVH, notamment les dernières vidéos parues entre octobre et décembre 2014 ; nous avons précisé que ce qui nous gênait, ce n’était pas le principe des « campagnes de don », mais la manière dont elles mettaient en scène les personnes déficientes visuelles dans le but évident de créer un sentiment de pitié. Nous avons expliqué que nous ne nous reconnaissions pas dans ces spots publicitaires et qu’ils donnaient de nous l’image erronée d’êtres dépendants et larmoyants, alors qu’une campagne publicitaire jouant sur l’humour ou montrant des personnes actives, heureuses d’être en famille, de travailler, de vivre tout simplement servirait davantage la cause des handicapés : une campagne de dons pourrait montrer au contraire que les déficients visuels se sont emparés des formations qui leur étaient proposées, ainsi que des aides techniques et technologiques, pour se forger un beau quotidien.

. Nous sommes revenus sur le slogan « Vivre tout simplement » qui peut prêter à confusion sur l’autonomie des personnes déficientes visuelles. Nous avons également émis l’hypothèse que certaines campagnes pouvaient parfois nuire à l’insertion et l’intégration professionnelle des non-voyants. Par exemple, lorsqu’il est évoqué le fait qu’il s’agit d’une victoire d’arriver à envoyer un mail, nous avons proposé de trouver un autre angle d’approche, avec un scénario qui évoquerait l’envoi d’un mail par un déficient visuel en montrant que c’est le fruit d’un apprentissage, et que cela devient ensuite tout simple pour lui, comme pour n’importe quelle personne voyante.

L’AVH a par la suite abordé les activités et actions que l’association proposait au service des non-voyants. Nous avons émis l’hypothèse que les actions de l’AVH étaient peut-être trop centralisées et qu’il fallait que l’AVH apprenne à déléguer à d’autres associations ou structures du droit commun. Nous avons expliqué que l’AVH pouvait servir d’appui technique des structures du droit commun. On a également évoqué l’idée qu’ils pourraient utiliser leurs compétences pour que les non-voyants puissent bénéficier de formations au sein du milieu ordinaire, plutôt que de rester centrés sur leur propre centre de formation, qui s’avère parfois dépassé quant aux propositions de formations, par rapport au monde du travail actuel.

Enfin, nous avons fini par évoquer l’idée que l’AVH pourrait servir de veille sur les associations ou structures utiles aux personnes déficientes visuelles, notamment du fait que l’association Valentin Haüy est la plus généraliste et la plus connue du grand public. Le but serait qu’elle puisse centraliser l’information même lorsque cette information n’est pas issue de son réseau de structures satellites. Nous leur avons également proposé d’émettre de nouvelles idées et activités, pas forcément spécifiques aux personnes déficientes visuelles, de s’ouvrir à d’autres personnes, handicapées ou non.

Une rencontre est envisagée dans un avenir proche afin de faire un bilan de nos propositions et des éventuelles avancées de chacun sur la réflexion que nous menons en commun.